Just Janice Fine, Emely Langdon,
2 artistes pétillantes de créativité et de vie !

Zèbre et Magicienne… Que la joie et la fantaisie illuminent la scène du second Gala Drag Queen organisé par le F2

Dans quelques semaines La salle de la Ficelle à Lyon, lieu de rencontre et de culture va bientôt s’enflammer et s’illuminer de nouveau, avec le second et très attendu Gala annuel du F2. La première édition avait on s’en souvient, remporté un véritable succès et littéralement embarqué le public dans une soirée magique, inédite et mémorable !

Cette année, The Greatest Bingo Drag Show est de retour ! Attention, émerveillement, shows artistiques fabuleux et spectaculaires et bien d’autres surprises vous attendent… On ne sait pas vous mais nous on a hâte de vous accueillir pour cette soirée haute en couleurs ! Au programme 8 artistes de grands talents vont investir la place dans une atmosphère « Cirque Cabaret » pour vous offrir un Gala exceptionnel et unique en son genre sur la place lyonnaise.

Nous vous présentions récemment Victoria Idole, Lucy Bad Cock et Chrystalle, aujourd’hui nous sommes ravis de mettre en lumière Just Janice Fine et Emely Langdon, deux artistes à l’énergie vitale communicative, qui place la joie, la créativité et le plaisir du partage au centre de leurs vies et de leurs performances artistiques…

Quelques mots sur vous, de quelle façon la scène est entrée dans votre vie ?

Just Janice Fine, l’envie d’offrir une parenthèse de joie

Je m’appelle JM, je suis dominicaine. J’arrive en France avec mon père j’ai 11 ans. Mes parents ayant décidé de m’offrir une vie meilleure qui me permette d’exprimer réellement qui je suis. Dans mon pays d’origine, pays conservateur, religieux, c’est alors plus compliqué. Ils ont eu tellement raison car je suis très épanoui dans ma vie actuelle, avec mes deux métiers.

Il y a 5 ans je fais une reconversion professionnelle pour moi nécessaire afin de retrouver l’alignement avec mon énergie d’être. Je travaille alors dans le luxe (responsable commercial en boutique) un milieu finalement assez dur et intransigeant qui ne correspond pas à mes valeurs, à qui je suis réellement. Une période durant laquelle je suis aussi secouriste à la croix rouge durant 11 ans. Me reconvertir dans la profession d’infirmier me semble être la meilleure voie, celle en cohérence avec mon empathie et mon amour de l’être humain. Il y a 5 ans je me lance. Depuis 2 ans je suis infirmier en clinique privé en service dialyse et ambulatoire, j’adore ça ! Le relationnel passion est essentiel pour moi, c’est un peu comme la relation que je tisse sur scène avec le public, je veux qu’il passe un bon moment. De la même façon, je souhaite que mes patients quand ils sont avec moi, oublient un peu la lourdeur de ce qu’ils vivent dans une parenthèse joyeuse et bienveillante, même si éphémère. Une blague, un compliment…

Ma première scène en tant que Drag Queen ?

C’est parce que je suis devenu infirmier que je suis devenu Drag Queen ! Le luxe, le côté paillette, glamour me manque un peu durant ma 3ème année d’étude. Après une 1ère expérience il y a 10 ans, le covid me pousse à une introspection, suis-je heureux, à la bonne place ?… J’adore mes études, mais il me manque quelque chose, la petite étincelle ! Au sein de l’association Cargo (LGBT/Sport) dans laquelle je suis membre il y a un groupe de Drag « La Scandal’House ». J’envoie ma candidature et je commence l’aventure Drag en 2020, sans pour autant monter encore sur scène. Un jour, je vois Emely Langdon remporter le concours Miss Drag Lyon organisé par Victoria et Mariah. L’année suivante (2021) je me lance, je participe et c’est la victoire ! C’est ainsi que j’ai connu le F2 Lyon. Ce concours a changé ma réalité, je me suis dit j’ai un an pour prouver que le Jury ne s’est pas trompé. Victoria m’a fait confiance, m’a booké beaucoup d’endroits, 2022 est une année très dense.

Emely Langdon, une confirmation que là est ma place

Derrière Emily se cache Clément. Je suis décorateur dans l’audiovisuel, je participe à la conception de décors pour le cinéma ou à la télévision. J’ai grandi, fait mes études et commencé à travailler à Lyon, j’ai su très tôt que je voulais œuvrer dans la déco du cinéma. J’ai très rapidement eu envie de me donner les moyens d’y accéder. J’étais déterminé. J’ai fait un BTS en architecture d’intérieur avec l’optique d’apprendre le design, les couleurs, les volumes, la technique, pour ensuite postuler dans le cinéma. En 2012 je suis diplômé, j’ai 22 ans, je fais mon premier tournage en 2013. Fin 2014 lors d’un projet, ma collaboration avec un chef décorateur se passe mal, je subis le harcèlement moral. Tel un déclencheur de quelque chose de plus profond en moi, cela me brise !

En février 2015 je suis hospitalisé en psychiatrie, une petite descente aux enfer et à la fois le chemin vers une (re)naissance de qui je suis. Tout ce que je pensais avoir construit de moi durant l’adolescence s’est effondré, le masque de qui je n’étais pas est tombé. À l’hôpital j’expérimente ma féminité, je donne à cette nouvelle partie de moi que je découvre et dans laquelle je me sens heureux, une identité.

Emily Langdon est née dans la chambre 123 de cette clinique psychiatrique. Il y a eu un avant et un après, mais aujourd’hui avec le recul je me dis que cela a été un cadeau. Cela m’a fait éclore tel que je suis vraiment. Mon nom ? Emily en hommage à Emily Sandé, la chanteuse britannique que j’écoute beaucoup durant ces 2 ans compliqués, et à Langdon, un personnage féminin d’une série « American Horror Story », une femme résiliente, qui malgré les épreuves se bat, avance…

Mes premiers spectacles ?

J’ai toujours été dans la création, même hospitalisé. Ce personnage dans lequel je me sens si bien, me permet de donner libre cours à ma créativité. Au début, je commence avec des soirées, puis je suis repérée par l’association Body Design qui me donne l’occasion d’animer en Emily les 1er bingos au centre LGBT. Quand ils font la 1ère élection Drag Lyon en 2019 organisée par Victoria et Mariah, l’association me propose de participer, je décline par manque de confiance en moi, mais je vais voir. Cela m’impressionne ! Le vrai déclencheur, l’élection de 2020, je participe et je la gagne. Tel un véritable électrochoc, cela me confirme ce que j’ai déjà ressenti, j’adore la scène. Beaucoup de choses s’enchaînent, malgré le covid qui bouscule les plannings, je suis Victoria et Mariah dans légions d’événements créés autour du Drag Lyon. 6 mois magiques durant lesquels j’évolue à vitesse grand V, une période formidable ! Depuis je continue à faire régulièrement des événements, des soirées, des shows, pour différentes organisations et établissements à Lyon, dont le F2 Lyon.

Quels liens et relations avez-vous avec le F2, organisateur du Gala 2023 ?

Just Janice Fine, on se sent comme en famille

Victoria me place dans la programmation d’un bingo l’année dernière, c’est la première fois que je mets les pieds au F2 Lyon, je suis stressé, car c’est une institution, il faut être à la hauteur. Mon personnage passe bien. Je fais ensuite le 1er Gala, je donne tout ! J’ai beaucoup de chance durant l’année 2022, car je continue à participer aux bingos organisés par Frédéric et son équipe dans son restaurant. Mon personnage loufoque séduit, le public en redemande. À chaque fois que l’on arrive, Fred s’occupe de tout, il est au petit soin pense à chaque détail, accueille, valorise, on se sent comme en famille, et la famille on n’a pas envie de la décevoir !

Emely Langdon, un véritable coup de coeur

J’ai rencontré Frédéric lors des ‘Street Shows’ organisés par le F2 Lyon. J’avais entendu parler avant de ce lieu qui fait partie des très belles tables lyonnaises, je l’ai découvert un midi avec Victoria. J’ai fait la connaissance de Frédéric et de l’équipe et cela a été un coup de cœur. C’est un établissement qui cristallise toutes les choses que j’aime dans la vie. On y mange bien, les personnes qui y travaillent sont toutes plus adorables les unes que les autres. On est toujours très choyé. Frédéric est incroyable, toujours très présent c’est un établissement accueillant, avec une ambiance très agréable et chaleureuse.

Quels souvenirs du Gala 2022 ? Pour 2023, un petit teaser ?

Just Janice Fine, le Gala 2022… Génial, la classe !

Comme tout ce que font Frédéric et Sébastien, c’est toujours parfait, bienveillant, chaleureux, tout en restant très calé. Et ça c’est du bonheur, car cela rend les choses faciles. C’est extraordinaire, ils sont toujours aux petits soins, ils nous poussent à donner le meilleur de nous-même. On est dans une relation “famille”, rassurante, soutenante. En tant qu’artiste cela me pousse à aller au-delà de tout et de tout le maximum. En 2022 les décors du Gala sont somptueux, l’ambiance disco est incroyable, mon personnage rend hommage à Selena Quintanilla qui a apporté le disco au Mexique.

Un petit teaser pour 2023 ?

Latina vamos ! j’aime le personnage de la femme latine, cette femme intouchable que l’on voit de loin, qui semble inaccessible mais qui, dès qu’elle parle, devient plus sympa. Mon personnage est volontairement ingénu, un peu naïve. Mais il faut être intelligente pour faire croire que l’on n’est pas maline . J’aime l’ostentatoire, mais toujours dans le chic… Un équilibre très subtile, en faire trop, sans que cela soit ‘too much’, l’élégance.

Je change tout le temps, mais on me reconnaît, ce n’est pas l’habit qui me porte, mais c’est moi qui porte l’habit.

En 2023 je serai un zèbre, un truc que personne n’attend, un peu décalé, presque absurde, un zèbre dans un cirque drôle non ? . Un zèbre sexy, tout en courbes et en surprises…

Emely Langdon, un beau et bon moment

J’étais dans le public et mon dieu quelle claque ! C’était hallucinant, les moyens qui avaient été mis dans la lumière, la déco… Je connais cette salle et pourtant j’ai l’impression de rentrer dans une salle nouvelle, transformée. Dès que l’on franchit la porte on ressent un avant-goût de la splendeur qui va s’opérer, il y a quelque chose de très grandiose dans cette première impression. La prestation artistique est fabuleuse, je me sens privilégié d’expérimenter cela depuis la scène. C’est un bon et très beau moment et puis l’intention derrière, le soutien au Refuge fait tellement sens…

Un petit teaser pour 2023 ?

Un tout petit alors… J’aurais le rôle de la magicienne !

Une anecdote marquante, une citation ?

Just Janice Fine

Lors de mon baptême à Miss Drag Lyon 2020, une petite fille présente avec sa maman s’exclame « Maman est ce que je peux prendre une photo avec la princesse », je m’agenouille, nous prenons une photo et j’arrache l’un des papillons de mon costume pour le lui donner ! Dans ses yeux je vois l’émerveillement, elle me prend dans ses bras comme si c’est le cadeau le plus extraordinaire qu’elle a reçu… À ce moment précis je me dis, c’est pour cela que tu fais ça, pour des moments comme ça, pour faire rêver, rire et émouvoir. Au F2 Lyon l’année dernière, un petit garçon est venu me donner un’tips’, j’ai trouvé ça adorable. Quand je suis fatiguée, je puise de l’énergie dans ce type de souvenirs.

Pour la citation, précisons avant que mon personnage est très complet : ma couleur c’est le violet, mon mot c’est iconique et mon animal totem c’est le papillon. Le papillon vient d’un poème « Je rêve que nous sommes des papillons n’ayant à vivre que trois jours d’été. Avec vous, ces trois jours seraient plus plaisants que cinquante années d’une vie ordinaire » de John Keats. Pour moi cela évoque : honore chaque jour et en tant que Drag, chaque représentation est unique, elle peut te mener en haut comme en bas, c’est pour cela que mon personnage a des papillons, chaque fois que je monte sur scène, c’est comme si c’était la seule et la dernière représentation, je donne tout. Je préfère mes 2 ans passés en Drag, que toute ma vie en JM.

Emely Langdon

Tout jeune les Drag Queen sont pour moi des créatures inatteignables et je me revois timidement leur demander des selfies… Depuis j’ai eu l’occasion d’expérimenter à plusieurs reprises la situation inverse, avec de jeunes qui sont venus à moi quand je suis en Drag m’exprimer leur gratitude d’être ce que je suis, et précisant que cela leur donne le courage de franchir certains caps, de s’autoriser certaines choses… Cela me confirme que je peux être utile aussi à ça et ça me tient à cœur, je veux continuer à le faire et à le faire le mieux possible.

Quant à la citation, sans doute celle d’Alexander McQueen, styliste britannique, des mots que je me suis fait tatouer je le bras : « Du paradis à l’enfer la vie est une drôle de chose, la beauté peut venir de l’endroit le plus étrange, voire de l’enfer le plus dégoûtant »

C’est quelque chose auquel je crois profondément dans ma vie et j’en ai fait l’expérience.

De quelque chose de très dur peut naître du beau…